La Sainte Trinité
Introduction
La Trinité est le mystère central de la foi chrétienne. Ce terme désigne la vie intérieure de Dieu, qui est une communion éternelle de Personnes et une Famille dont la vie même est amour. Dans des termes plus précis, l'Église décrit la Trinité ainsi:
Nous croyons fermement et nous affirmons simplement, qu'il y a un seul vrai Dieu, immense et immuable, incompréhensible, tout-puissant et ineffable, Père et Fils et Saint Esprit:. Trois Personnes, mais une Essence, une Substance ou Nature absolument simple. (Catéchisme de l'Église Catholique [CEC] 202)
Frank Sheed décrit la Trinité de façon lapidaire ainsi:
- Dans l'unique nature divine, il y a trois personnes, le Père, le Fils et le Saint Esprit.
- Aucune des personnes est une des deux autres, chacune est pleinement elle-même.
- Le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint Esprit est Dieu.
- Il n'y a pas trois Dieux mais un seul Dieu. (Frank Sheed, Theology for Beginners, p. 27)
Sans surprise, ce mystère est tellement déconcertant qu'il a fréquemment été l'obstacle principal pour beaucoup de ceux qui ont cherché à comprendre la foi chrétienne tout au long des 2000 ans de l'histoire de l'Église. Beaucoup aujourd'hui seraient d'accord avec Voltaire qui écrivit dans son Dictionnaire Philosophique:
- "Il n'y a rien de plus contraire à la stricte raison que ce qui est enseigné parmi les chrétiens à propos de la Trinité des personnes en une unique essence divine, la première étant engendrée par la première et la troisième procédant des deux autres.
- C'est une doctrine inintelligible qui ne se trouve nulle part dans les Écritures...
- Maintenir ... qu'il y ait plusieurs "personnes" distinctes dans l'Essence Divine, et que ce n'est pas l'Éternel qui est le seul Vrai Dieu, mais le Fils et le Saint Esprit doivent y être ajoutés, c'est introduire la plus grossière et la plus dangereuse des erreurs dans l'église de Jésus Christ, puisqu'elle encourage manifestement le polythéisme.
- Cela implique une contradiction de dire qu'il n'y a qu'un seul Dieu et qu'il y a néanmoins trois "personnes", chacune étant vraiment Dieu.
- Cette distinction, une essence et trois personnes, ne s'est jamais trouvée dans l'Écriture..."
Voltaire a raison de dire que le mot "Trinité" n'apparaît pas dans la Bible. Son affirmation que la doctrine du Dieu trine et la distinction entre une essence et trois personnes ne se trouvent pas dans l'Écriture est cependant tout à fait fausse. Dans cet article, nous examinerons la présence de la Sainte Trinité dans la Bible, en commençant avec le Tanakh (l'Ancien Testament), puis dans le Nouveau Testament. Dans une troisième partie, nous ajouterons quelques citations des Pères de l'Église pour montrer comment la foi dans la Trinité avait été comprise dans l'Église primitive.
Il va sans dire que nous ne pouvons ici qu'effleurer le mystère de la Trinité, à propos duquel de nombreux livres ont été écrits. Cependant le fait que nous appelons la Trinité "un mystère" ne signifie pas que c'est une doctrine complètement illogique et incompréhensive - et que nous ferions mieux de ne pas essayer de la comprendre du tout. Un mystère n'est pas une auto-contradiction, mais plutôt quelque chose qui en fait peut être connu et compris, mais seulement partiellement et seulement parce que Dieu a choisi de nous le révéler. Comme le Catéchisme de l'Église Catholique le dit:
La Trinité est un mystère de foi au sens strict, un des "mystères cachés en Dieu, qui ne peuvent être connus s'ils ne sont révélés d'en haut". Dieu certes a laissé des traces de son être trinitaire dans son œuvre de Création et dans sa Révélation au cours de l'Ancien Testament. Mais l'intimité de Son Etre comme Trinité Sainte constitue un mystère inaccessible à la seule raison et même à la foi d'Israël avant l'Incarnation du Fils de Dieu et la mission du Saint Esprit. (CEC 237)
Une importante question surgit à la lecture de ce paragraphe: si la Trinité est l'essence même de Dieu, et s'Il veut réellement nous le faire savoir, pourquoi ne l'a-t-il pas révélé dès le départ? Pourquoi ne s'est-Il pas présenté clairement à nous dès le départ, plutôt que de simplement laisser de vagues "traces de son être trinitaire dans son œuvre de Création et dans sa Révélation au cours de l'Ancien Testament"? St Grégoire de Naziance, un père de l'Église du quatrième siècle, nous propose une réponse:
L'Ancien Testament a manifesté le Père clairement, le Fils vaguement. Le Nouveau Testament a révélé le Fils et a sous entendu la divinité de l'Esprit. Aujourd'hui l'Esprit vit au milieu de nous et se fait connaître plus clairement. Il aurait été dangereux de proclamer ouvertement le Fils alors que la divinité du Fils n'était pas complètement reconnue, et puis, avant que la divinité du Fils soit acceptée, d'ajouter le poids du Saint Esprit... Il était plus approprié d'ajouter peu à peu et, comme le dit David, de monter de gloire en gloire, la splendeur de la Trinité brillant de plus en plus. (Grégoire de Naziance, Cinquième Discours Théologique, 31, 26).
Le Mystère
Jésus est Dieu
Nous avons vu dans un autre article que Jésus, à travers ses paroles et ses actions, a affirmé sa divinité. Pour le dire de manière plus directe, Jésus a affirmé être Dieu - une affirmation choquante qui a été cependant acceptée et affirmée par les auteurs du Nouveau Testament et les Pères de l'Église. Nous n'examinerons pas ces affirmations ici, mais nous recommandons au lecteur de lire ou relire l'article sur la divinité du Messie, qui est la base de cet article sur la Sainte Trinité.
Jésus est distinct du Père
Jésus a affirmé être Dieu. Cependant il s'est aussi révélé comme distinct de Dieu le Père. Jésus appelait Dieu "mon Père" et les auteurs du Nouveau Testament font aussi la distinction entre "Dieu le Père" et "le Seigneur Jésus Christ":
Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est dans les cieux. (Mt 10,32)
Tout m'a été remis par mon Père, et nul ne connaît le Fils si ce n'est le Père, et nul ne connaît le Père si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler. (Mt 11,27)
Mon Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux. (Mt 26,39)
Et je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu'il soit avec vous à jamais, (Jn 14,16)
À vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ. (Rm 1,7)
Car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même. (1 Tim 2,5)
Un casse-tête insoluble?
À première vue, il semble que Voltaire aurait raison. Selon le Tanakh (Ancien Testament), il n'y a qu'un Dieu transcendant. Mais Jésus a affirmé être Dieu. Il a aussi affirmé être distinct de Dieu le Père. Comment ces déclarations apparemment contradictoires peuvent-elles être réconciliées? Si Jésus est Dieu, mais pas la même personne que Dieu le Père, il y a-t-il alors deux "dieux" distincts? Cela contredirait bien entendu le principe le plus élémentaire de la foi juive, l'unicité du Créateur, formulée classiquement par Maïmonide: “Je crois d'une foi parfaite que le Créateur, loué soit Son Nom, est Unique, d'une Unicité comme il n'en existe absolument nulle autre, et Lui seul est notre Dieu, Fut, Est et Sera.” (Maïmonide, les 13 Principes de foi, 2).
Voyons comment nous pouvons résoudre ce casse-tête.
Ière Partie: La Trinité dans le Tanakh et dans les Sources Juives
Dieu est Esprit
Comme nous venons de le dire, Dieu est transcendant - totalement distinct de la création. Il n'a pas de corps comme l'homme mais Il est esprit. Il est immuable, infini et éternel (CEC 42, 212, 300). En même temps, Dieu est immanent: Il soutient activement la création à tout moment (CEC 300-301). Comme le dit le psalmiste:
Où irai-je loin de ton esprit, où fuirai-je loin de ta face? Si j'escalade les cieux, tu es là, qu'au shéol je me couche, te voici. (Ps 139,7-8)
Un Dieu
L'unicité de Dieu est affirmé de façon insistante dans l'Ancien Testament, comme le professe le Sh'ma, qui forme la colonne vertébrale de la foi juive:
Écoute, O Israël: le Seigneur notre Dieu, le Seigneur est un (Adonai echad)! (Dt 6,4)
Je suis le Seigneur, et il n'y en a pas d'autre; moi excepté, il n'y a pas de Dieu. (Is 45,5; voir aussi 46,9)
Cependant l'unicité de Dieu n'est pas décrite comme une entité absolument singulière. L'hébreu pour un, "echad," est souvent utilisé dans la Bible hébraïque pour décrire une unité composite faite de deux parties ou plus:
Il y eut un soir et il y eut un matin : jour un (yom echad). (Gn 1,5)
C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair. (basar echad). (Gn 2,24)
L'assemblée était une, quarante deux mille trois cent soixante hommes. (Esdras 2,64)
La Pluralité de Dieu dans l'Ancien Testament (AT)
De plus, plusieurs passages dans le Tanakh décrivent Dieu comme une unité composée. L'exemple le plus commun se trouve quasiment à chaque page de la Bible: le nom même de Dieu en hébreu, "Elohim," est un nom pluriel qui peut aussi traduit "dieux." D'autres exemples sont encore plus explicites:
Faisons l'homme à notre image, comme notre ressemblance. (Gn 1,26)
Voilà que l'homme est devenu comme l'un de nous. (Gn 3,22)
Et Dieu dit: …Allons ! Descendons ! Et là, confondons leur langage … (Gn 11,6-7)
Dieu m'a fait errer loin de ma famille… (Gn 20,13)
Dans le texte original, le verbe hébreu "m'a fait errer" (התעו, hit’u) est au pluriel ('m'ont fait errer'). Cette forme cependant se perd dans la traduction.
Il y a un Dieu qui juge (pluriel) la terre. [Littéralement: "Il y a des Dieux qui jugent la terre."] (Ps 58,12)
Là aussi la nuance est perdues dans la traduction: en hébreu le verbe est au pluriel (יש אלוהים שפטים בארץ).
Oracle du Seigneur à mon Seigneur : «Siège à ma droite, tant que j'aie fait de tes ennemis l'escabeau de tes pieds.» (Ps 110,1) Qui est ce Seigneur qui parle au Seigneur?
Souviens-toi de tes Créateurs aux jours de ton adolescence. (Eccl 12,1)
L'hébreu utilise ici le pluriel (בוראיך) "créateurs".
Un Dieu, Trois Personnes
D'autres passages décrivent différentes personnes, deux ou trois maximum, au sein même de Dieu. Dans ces passages, lorsque Dieu parle, il s'adresse à un "autre Dieu" et à Son Esprit:
Ainsi parle le Seigneur, le Roi d'Israël (1), et son Rédempteur le Seigneur des armées (2). (Is 44,6)
Écoute-moi, Jacob, Israël que j'ai appelé, c'est moi, moi qui suis le premier et c'est moi aussi le dernier… dès le début ... j'étais là (2). et maintenant le Seigneur Dieu (1) et Son Esprit (3) m'ont envoyé (2). (Is 48,12.16)
Je viens pour demeurer au milieu de toi, oracle du Seigneur! (2)…et tu sauras que le Seigneur des armées (1) m'a envoyé (2) vers toi. (Za 2,10-11)
Le Mystère des Trois dans le Zohar
Le Zohar, texte du Moyen Age, le livre le plus important de la mystique juive, décrit la tri-unité de Dieu en des termes tout à fait explicites: [c'est nous qui soulignons]
Viens et vois le mystère dans le nom YHWH: il y a trois degrés, et chaque degré existe par lui-même; néanmoins, ils sont un, et ils sont unis d'une telle façon qu'ils ne peuvent être séparés les uns des autres. (Zohar, vol. 3, p. 65, édition d'Amsterdam)
Le même unique, Saint et Ancien des jours est révélé en trois personnes, contenues en une et elle est exaltée trois fois. (Zohar, vol. 3, p. 288)
Dieu est l'artiste qui demeure dans les hauteurs… Dieu est l'artiste ici-bas, et c'est la Shekhinah sur la terre… Le Dieu de la création a ordonné, et immédiatement l'artiste s'est mis à l'œuvre et a agit selon sa Parole. Quand Dieu a été révélé dans le monde de ceux qui sont séparés (les anges), l'artiste a dit au Seigneur des constructions: ‘Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance.’ (Zohar, Genèse, p. 22)
Les trois esprits sont unis dans l'Un. L'esprit situé en dessous est appelé "le Saint Esprit." L'esprit du milieu est le pilier central, appelé "esprit de sagesse et de discernement"… L'esprit supérieur est caché dans le secret, et en lui existent tous les saints esprits et toutes les sources de lumière. (Zohar, Genèse, p. 15)
YHWH, Adonai, et la Shekhinah, ils sont le Saint, béni soit-Il, et la Shekhinah est située entre les deux extrémités: YHWH à sa droite, et Adonai à sa gauche. Et ils sont une vision de lumière. Mais sans la Shekhinah la vision serait obscure. Dans la Shekhinah, qui est juste, ils sont Un. (Tikunei haZohar, p. 66)
"L'Esprit intermédiaire": la Parole de Dieu
Ces passages du Zohar décrivent Dieu comme une tri-unité d'entités appelées: YHWH, Adonai, et la Shekhinah; ou l'esprit au dessus, l'esprit du milieu, et l'esprit en dessous (le Saint Esprit). "L'esprit du milieu" pourrait être associé avec la Parole éternelle de Dieu, présente avant la Création, décrite dans les Targumim araméens. Les Targumim sont des traductions juives de la Bible en araméen effectuées dans les premiers siècles de l'ère chrétienne. Nous allons voir maintenant quelques passages qui font directement référence à Dieu dans la Bible hébraïque et qui sont traduits par "la Parole du Seigneur" dans le Targum. Les versets seront présentés par paires. Le premier verset est tiré des Ecritures, le second de la traduction araméenne telle qu'on la trouve dans le Targum:
(1) Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. (Gn 1,27)
Et la Parole du Seigneur créa l'homme à Sa ressemblance, à la ressemblance de la présence du Seigneur Elle le créa, le male et sa compagne Elle le créa. (Targum de Jérusalem)
(2) Dieu prononça toutes ces paroles, et dit :… (Ex 20,1)
Et la Parole du Seigneur prononça toute l'excellence de ces paroles et dit... (Targum de Jérusalem)
(3) Lève-toi, Seigneur, que tes ennemis se dispersent. (Nb 10,35)
Lève-toi maintenant, O Parole du Seigneur, dans la puissance de Ta force, et que les adversaires de Ton peuple soit dispersés… (Targum de Jérusalem)
(4) Israël sera sauvé par Yahvé, sauvé pour toujours… C'est en Yahvé qu'elle obtiendra le triomphe et la gloire, toute la race d'Israël. (Is 45,17.25)
Israël sera sauvé par la Parole du Seigneur d'un salut éternel… dans la Parole du Seigneur tous les descendants d'Israël seront justifiés et obtiendront la gloire. (Targum Jonathan)
Comme nous l'avons vu dans l'article sur la divinité du Messie, Dieu apparaît aussi comme "l'ange du Seigneur" dans l'Ancien Testament. L'ange du Seigneur est aussi appelé "Metatron" et "Fils de Dieu" dans le Zohar et d'autres écrits mystiques juifs. Il est plausible que ce "Fils de Dieu" soit identique avec la "Parole du Seigneur" dont parle le Targum.
L'Esprit de Dieu
En plus de "l'esprit du milieu" qui est la Parole éternelle de Dieu, nous rencontrons aussi l'Esprit de Dieu - le Saint Esprit - dans le Tanakh, qui semble aussi être distinct d'une certaine manière de Dieu Lui-même:
Et l'Esprit de Dieu tournoyait sur les eaux. (Gn 1,2)
Ne me repousse pas loin de ta face, ne m'enlève pas ton Esprit Saint. (Ps 51,11)
Un rejeton sortira de la souche de Jessé, un surgeon poussera de ses racines. Sur lui reposera l'Esprit du Seigneur, esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur. (Is 11,1-2)
L'Esprit du Seigneur Dieu est sur moi… (Is 61,1)
En résumé, nous avons vu que même si la révélation de Dieu dans le Tanakh est avant tout la révélation de Son unité, cette unité n'est en aucun cas une unité absolument singulière, mais au contraire une unité composite - et cette unité composite est confirmée par des sources juives postérieures telles que les targumim et le Zohar.
IIè Partie: La Trinité dans le Nouveau Testament
L'Ancien Testament insiste sur l'unité de Dieu et fait seulement allusion à Sa tri-unité. Comme Grégoire de Naziance, cité dans notre introduction, le déclare, il était essentiel que Dieu établisse en premier lieu de façon claire son unicité avant de dévoiler sa tri-unité. Le polythéisme était très répandu dans le monde antique et la tentation en Israël aurait été trop grande de glisser vers un trithéisme si Dieu n'avait pas insisté sur son unité pendant un millénaire ou deux avant de se manifester comme Trinité.
Cependant, avec la venue du Messie, Dieu a progressivement dévoilé Sa nature trinitaire et l'infinie et intime communion d'amour qui existe entre les trois personnes divines de toute éternité. Nous allons maintenant examiner certains passages du Nouveau Testament parlant de la Trinité.
Un Seul Seigneur
Le Nouveau Testament affirme avec le Tanakh qu'il n'y a qu'un seul Seigneur:
[Il y a] un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un Dieu et Père de tous, qui est au dessus de tous, par tous et en tous. (Eph 4,5)
Mais, en même temps, le Père, le Fils et l'Esprit sont tous appelés "Seigneur":
Le Père est Seigneur: "Je serai un Père pour vous…dit le Seigneur Tout Puissant." (2 Co 6,18)
Le Fils est Seigneur: "la venue de notre Seigneur Jésus Christ." (2 P 1,16)
L'Esprit est Seigneur: "Car le Seigneur est l'Esprit." (2 Co 3,17)
Trois Personnes Divines
Les trois personnes, le Père, le Fils et l'Esprit sont appelées "Dieu":
Le Père est Dieu (1):
Il reçut en effet de Dieu le Père honneur et gloire… (2 P 1,17)
Le Fils est Dieu (2):
Au commencement était la Parole et la Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. (Jn 1,1)
Thomas lui répondit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20,28)
L'Esprit est Dieu (3):
Ananie, lui dit alors Pierre, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, que tu mentes à l'Esprit Saint ? … Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu. (Ac 5,3-4)
Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous ? (1 Co 3,16)
Passages trinitaires dans le Nouveau Testament
Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père (1) et du Fils (2) et du Saint Esprit (3). (Mt 28,19)
Mais l'Avocat, le Saint Esprit (3), que le Père (1) enverra en Mon nom (2)… (Jn 14,26)
Il y a, certes, diversité de dons spirituels, mais c'est le même Esprit (3), diversité de ministères, mais c'est le même Seigneur (2), diversité d'opérations, mais c'est le même Dieu (1) qui opère tout en tous. (1 Co 12,4-6)
La grâce du Seigneur Jésus Christ (2), l'amour de Dieu (1) et la communion du Saint Esprit (3) soient avec vous tous ! (2 Co 13,14)
Par lui (2) nous avons en effet, tous deux en un seul Esprit (3), libre accès auprès du Père (1).. (Eph 2,18)
C'est pourquoi je fléchis les genoux en présence du Père (1)… Qu'Il daigne…vous armer de puissance par son Esprit (3)… pour que le Christ (2) habite en vos cœurs par la foi. (Eph 3,14-17)
Combien plus le sang du Christ (2), qui par un Esprit éternel (3) s'est offert lui-même sans tache à Dieu (1), purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes pour que nous rendions un culte au Dieu vivant. (Heb 9,14)
Aux étrangers de la Dispersion... élus selon la prescience de Dieu le Père (1), dans la sanctification de l'Esprit (3), pour obéir et être aspergés du sang de Jésus Christ (2). (1 P 1,2)
Mais vous, très chers… priant dans l'Esprit Saint (3), gardez-vous dans la charité de Dieu (1), prêts à recevoir la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ (2) pour la vie éternelle. (Jude 20-21)
Le Dogme de la Sainte Trinité
Ces passages révèlent la présence de la Trinité dans le Nouveau Testament, mais ils n'expliquent pas comment la Trinité "fonctionne". Sans entrer dans un traité complet sur la Trinité, nous nous nous tournons à présent vers le Compendium du Catéchisme de l'Église Catholique pour une description fondamentale de la Sainte Trinité:
48. Comment l'Église exprime-t-elle sa foi trinitaire ?
L'Église exprime sa foi trinitaire en confessant un seul Dieu en trois Personnes : Père, Fils et Esprit Saint. Les trois Personnes divines sont un seul Dieu, parce que chacune d'elles est identique à la plénitude de l'unique et indivisible nature divine. Elles sont réellement distinctes entre elles par les relations qui les mettent en rapport les unes avec les autres. Le Père engendre le Fils, le Fils est engendré par le Père, le Saint-Esprit procède du Père et du Fils.
Il est important de noter que les termes "engendre" et "engendré" ne signifie pas que le Père "a créé" le Fils ou "lui a donné naissance" dans un sens humain. Le Père n'était pas seul à l'origine, ayant "créé" ou "engendré" le Fils plus tard. Le Fils n'est pas venu à l'existence "après" le Père; Il n'est pas "plus jeune" que le Père (cela serait du polythéisme). Au contraire, le Fils est "engendré éternellement" par le Père et reçoit éternellement Sa nature divine du Père. Le Fils est l'éternelle Parole du Père, Son Idée ou l'expression de Lui-même. Père et Fils sont comme celui qui pense et l'idée: distincts, mais pas séparés, existant toujours, l'un et l'autre, et en parfaite communion.
Le Fils ne commença donc pas son existence lorsque Jésus fut conçu dans le sein de la Vierge Marie il y a 2000 ans. Le Fils divin existe éternellement; mais Il a pris notre nature humaine et est devenu homme il y a 2000 ans.
Le Catéchisme de l'Église Catholique développe sur le sujet de la Trinité d'une manière plus complète:
253 La Trinité est Une. Nous ne confessons pas trois dieux, mais un seul Dieu en trois personnes: "la Trinité consubstantielle". Les personnes divines ne se partagent pas l'unique divinité mais chacune d'elles est Dieu tout entier: "Le Père est cela même qu'est le Fils, le Fils cela même qu'est le Père, le Père et le Fils cela même qu'est le Saint-Esprit, c'est-à-dire un seul Dieu par nature". "Chacune des trois personnes est cette réalité, c'est-à-dire la substance, l'essence ou la nature divine"
254 Les personnes divines sont réellement distinctes entre elles. "Dieu est unique mais non pas solitaire". "Père", "Fils", "Esprit Saint" ne sont pas simplement des noms désignant des modalités de l'être divin, car ils sont réellement distincts entre eux: "Celui qui est le Fils n'est pas le Père, et celui qui est le Père n'est pas le Fils, ni le Saint-Esprit n'est celui qui est le Père ou le Fils". Ils sont distincts entre eux par leurs relations d'origine: "C'est le Père qui engendre, le Fils qui est engendré, le Saint-Esprit qui procède". L'Unité divine est Trine.
255 Les personnes divines sont relatives les unes aux autres. Parce qu'elle ne divise pas l'unité divine, la distinction réelle des personnes entre elles réside uniquement dans les relations qui les réfèrent les unes aux autres: "Dans les noms relatifs des personnes, le Père est référé au Fils, le Fils au Père, le Saint-Esprit aux deux; quand on parle de ces trois personnes en considérant les relations, on croit cependant en une seule nature ou substance". En effet, "tout est un (en eux) là où l'on ne rencontre pas l'opposition de relation". "A cause de cette unité, le Père est tout entier dans le Fils, tout entier dans le Saint-Esprit; le Fils est tout entier dans le Père, tout entier dans le Saint-Esprit; le Saint-Esprit tout entier dans le Père, tout entier dans le Fils".
Une Illustration
Tous ceci constitue une théologie plutôt complexe. Heureusement, il existe une façon plus simple d'expliquer la Trinité. Bien que ce soit une explication classique qui remonte à St Augustin (début du 5ème siècle), la formulation suivante est empruntée à l'oeuvre magistrale de Frank Sheed "Theology and Sanity":
Dieu, en tant que personne, connaît et aime. Parce qu'Il est infini, Sa connaissance et Son amour sont infinis. Parce qu'Il est infini, Sa connaissance et Son amour sont simplement Lui-même. La connaissance infinie de Dieu est la Deuxième Personne de la Trinité, le Fils. L'amour infini de Dieu est la Troisième Personne, le Saint Esprit. Le Deuxième Personne, par conséquent, procède de la Première par voie de connaissance. La Troisième Personne procède par voie d'amour.
La Deuxième Personne: La Parole et le Fils
Au commencement était la Parole et la Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. (Jn 1,1)
Comme l'écrit Frank Sheed:
Une idée est, autant que nous pouvons la produire, un double mental ou une image de l'objet que nous sommes en train de contempler; elle exprime autant de l'objet que ce nous pouvons en connaître. En raison des limites de nos capacités, l'idée que nous formons n'est jamais un double parfait ou une image parfaite, elle n'exprime jamais totalement l'objet, en d'autres mots n'est jamais totalement adéquate. Mais si Dieu, comme Il nous l'a dit, engendre une image de Lui-même, cette idée doit être totalement adéquate, en aucune façon moindre que l'Être dont elle est l'Idée, ne manquant rien de ce que cet Être a. L'Idée doit contenir toutes les perfections de l'Être dont elle est l'Idée. Il ne doit rien n'être dans Celui qui pense qui ne soit pas dans Sa Pensée de Lui-même, autrement le Penseur penserait inadéquatement de Lui-même, ce qui est impossible pour l'Infini. Ainsi l'Idée, la Parole que Dieu engendre, est Infinie, Éternelle, Vivante, une Personne, égale en toutes choses à Celui qui L'engendre - Quelqu'un qui est comme Il est, conscient de Lui-même comme Il l'est, Dieu comme Il l'est. (Frank Sheed, Theology and Sanity, p.104)
Il est aussi utile de réfléchir sur les deux titres principaux qui décrivent la Deuxième Personne de la Trinité: Dieu le Fils et Dieu la Parole.
Jésus est Dieu le Fils: Un fils a la même nature que son père. Ainsi Dieu, le Fils, comme le Père, est infini, tout puissant, éternel. Jésus est aussi la Parole de Dieu: Dieu est pur Esprit, de même Sa Parole est comme une pensée ou une idée. Dieu se connaît. Lorsque Dieu pense à Lui-même, cette pensée doit être parfaite, parce que Dieu est parfait, ainsi tout ce qui est dans le Père doit être dans cette idée de lui-même: "l'image du Dieu invisible". (Col 1,15)
La Troisième Personne
Entre les deux personnes du Père et du fils, il y a un amour infini. Puisque dans leur amour mutuel ils donnent tout ce qu'ils ont, cet amour est parfait et produit une personne éternelle, le Saint Esprit:
La Première Personne se connaît Elle-même; Son acte de connaissance produit une Idée, une Parole; et cette Idée, cette Parole, est la Deuxième Personne. La Première Personne et la Deuxième s'unissent dans un acte d'amour - amour de l'autre, amour de la gloire de Dieu qui leur est commune; et tout comme l'acte de connaissance produit une Idée au sein de la Nature Divine, l'acte d'amour produit une état amoureux au sein de la Nature Divine. Dans cet Amour, le Père et le Fils déversent tout ce qu'Ils ont et tout ce qu'Ils sont, sans amoindrissement, sans rien retenir. Ainsi cet Amour en Dieu est tout à fait égal au Père et au Fils, car Ils ont déversé en lui leur tout. Ils ne possèdent rien que leur Amour n'a pas. Ainsi leur Amour aussi est Infini, Éternel, Vivant, Quelqu'un, une Personne, Dieu. Observons que là encore nous sommes toujours au sein de la Nature Divine. Car l'amour est pleinement dans la nature de celui qui aime. Or cet amour contient pleinement la Nature Divine, car Dieu se donne totalement dans cet amour. (Frank Sheed, Theology and Sanity, p. 106)
L'oeuvre de la Trinité
Vous vous disez peut-être que la façon dont la Trinité "fonctionne" en elle-même est intéressante, mais vous demandez qu'est-ce que cela a à voir avec nous. En fait, tout. Car la Trinité, la vie d'amour de Dieu, est la demeure éternelle à laquelle nous sommes appelés. Dieu veut librement nous communiquer la gloire de sa vie bienheureuse. Tel est le plan éternel de son amour de tendresse: "Il nous a destiné dans l'amour à être ses fils," "à reproduire l'image de son Fils," par l' "esprit de fils adoptifs " (Eph 1,4-5; Rm 8,15, 29). Le plan de Dieu se dévoile dans l'œuvre de la création, dans l'histoire du salut après la chute, et dans les missions du Fils et de l'Esprit qui se continuent dans la mission de l'Église. Toute l'économie divine est l'œuvre commune des trois Personnes divines. Cependant, chaque Personne a un rôle unique: le Père est Créateur et Celui qui pourvoit. Le Fils est Sauveur et Rédempteur. L'Esprit sanctifie, guide et garantit. (CEC 257-59)
Les passages suivants décrivent l'œuvre commune des personnes de la Trinité dans les Écritures:
Dans la Création:
Père: "Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre." (Gn 1,1)
Fils: "Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut." (Jn 1,3)
Esprit: "Et l'Esprit de Dieu couvrait les eaux." (Gn 1,2)
Au Baptême de Jésus:
Père: "Et voici qu'une voix venue des cieux disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur. »" (Mt 3,17)
Fils: "Jésus aussitôt remonta de l'eau." (Mt 3,16)
Esprit: "vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui." (Mt 3,16)
À la Résurrection de Jésus:
Père: "Jésus de Nazareth…Dieu l'a ressuscité, le délivrant des affres de l'Hadès…" (Ac 2,22-24)
Fils: "Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai.." (Jn 2,19)
Esprit: "Et si l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous." (Rm 8,11)
Dans la vie du chrétien:
Père: "Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera et vous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui." (Jn 14,23)
Fils: "Je ne vous laisserai pas orphelins. Je viendrai vers vous." (Jn 14,18)
Esprit: "l'Esprit de vérité…Vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure auprès de vous et qu'il est en vous." (Jn 14,17)
Dans la Communication de la Vie Divine:
Père: "C'est pourquoi je fléchis les genoux en présence du Père…afin qu'Il vous donne…d'entrer par votre plénitude dans toute la Plénitude de Dieu." (Eph 3,14.19)
Fils: "Que le Christ habite en vos cœurs par la foi." (Eph 3,17)
Esprit: "Qu'Il vous donne…d'être armés de puissance par son Esprit pour que se fortifie en vous l'homme intérieur,." (Eph 3,16)
Dans la Résurrection du croyant:
Père: "Comme le Père en effet ressuscite les morts et leur redonne vie…" (Jn 5,21)
Fils: "Quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour." (Jn 6,40)
Esprit: "Et si l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous." (Rm 8,11)
Image et Ressemblance de Dieu: Appelés à Partager la Vie de Dieu
Dieu dit : Faisons l'homme à notre image, comme notre ressemblance… Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. (Gn 1,26-27)
Le Dieu trinitaire nous a créés à Sa propre image et ressemblance. Il désire se faire connaître et partager Sa vie avec nous (CEC 257, 260) afin que nous puissions partager sa vérité, sa beauté et sa bonté (CEC 41, 319). Étant à l'image de Dieu, l'homme est capable de se connaître, de se posséder, de se donner librement et d'entrer librement en communion avec d'autres personnes (CEC 357) - en d'autres mots, d'imiter la vie d'amour et de don de soi de la Trinité. Tel est notre appel ultime: devenir capable d'aimer comme Dieu nous aime, et d'imiter cette vie d'amour qui donne vie, qui est la nature même de Dieu, un éternel échange d'amour en Lui-même. Notre participation à la vie trinitaire est rendue possible d'une manière particulière par la liturgie et les sacrements de l'Église, par lesquels nous participons à la vie de la grâce. Les sacrements sont des signes efficaces de la grâce par lesquels la vie divine et trinitaire de Dieu nous est donnée (CEC 1131).
IIIè partie: La Trinité dans les Écrits patristiques
Source pour cette section: Catholic Answers
Nous incluons dans cette section un certain nombre de citations des Pères de l'Église témoignant de leur foi en un Dieu trinitaire, en accord avec les passages du Tanakh et du Nouveau Testament que nous venons de considérer.
La Didaché
Pour ce qui est du baptême, donnez-le de la façon suivante: après avoir enseigné tout ce qui précède, " baptisez au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit "dans de l'eau vive. . . Si tu n'as ni de l'une ni de l'autre, verse de l'eau sur la tête trois fois "au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit" (Didaché 7,1 [ 70 ap.JC]).
Ignace d'Antioche
[À] l'Église à Éphèse en Asie . . . choisie à travers de vraies souffrances par la volonté du Père en Jésus Christ notre Dieu (Lettre aux Éphesiens 1 [110]).
Pour notre Dieu, Jésus Christ, qui fut conçu par Marie en accord avec le plan de Dieu: de la semence de David, il est vrai, mais aussi du Saint Esprit (ibid. 18,2).
Justin Martyr
Avec ce Dieu suprême nous adorons encore deux autres personnes: celui qui est venu pour nous enseigner sa doctrine, Jésus-Christ notre maître, crucifié en Judée sous Ponce-Pilate, du temps de Tibère-César, véritablement fils de Dieu; et enfin l'Esprit prophétique, culte éminemment raisonnable, comme nous vous le démontrerons. A ce propos on crie à la folie: quelle absurdité, en effet, de placer à côté du Dieu immuable et éternel, à côté du créateur du monde, un homme crucifié! C'est qu'il y a là un mystère que vous ignorez: nous allons vous le découvrir (Première Apologie 13,5–6 [151]).
Théophile d'Antioche
Tel est l'attribut de Dieu, du plus haut et du plus puissant et du Dieu vivant, non seulement d'être partout, mais aussi de tout voir et de tout entendre; car il ne peut en aucun cas être contenu en un lieu. . . . Les trois jours avant les luminaires furent créés comme des types de la Trinité: Dieu, sa Parole et sa Sagesse (À Autolycus 2,15 [181]).
Irénée de Lyon
Car l'Église, bien que dispersée de par le monde entier, même au bout de la terre, a reçu des apôtres et de leurs disciples la foi en un seul Dieu, le Père Tout Puissant . . . et en un seul Jésus Christ, le Fils de Dieu, qui est devenu chair pour notre salut, et dans le Saint Esprit (Contre les hérésies 1,10,1 [189]).
Tertullien
Nous croyons en un seul Dieu, mais avec la dispensation ou l'économie, comme nous l'appelons, que ce Dieu unique ait un Fils, son Verbe, procédant de lui-même, «par qui tout, a été fait et sans qui rien n'a été fait.» . . . Nous croyons que de là il a envoyé ensuite, conformément à sa promesse, l'Esprit saint, le Paraclet du Père, pour sanctifier la foi de ceux qui croient au Père, au Fils et à l'Esprit saint. . . ce symbole nous a été transmis dès le commencement de l'Evangile, même avant les premiers hérétiques (Contre Praxeas 2 [216]).
En gardant néanmoins le sacrement de l'économie qui divise l'Unité en Trinité, où nous distinguons trois personnes, le Père, le Fils et l'Esprit saint. Ils sont trois, non pas en essence, mais en degré; non pas en substance, mais en forme; non pas en puissance, mais en espèce; tous trois ayant une seule et même substance, une seule et même nature, une seule et même puissance, parce qu'il n'y a qu'un seul Dieu duquel procèdent ces degrés, ces formes et ces espèces, sous le nom de Père, de Fils et de Saint-Esprit (ibid.).
Ne perds jamais de vue le principe, établi par moi, que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont inséparables, et par-là, tu reconnaîtras toujours dans quel sens on le dit. Car voilà que je soutiens maintenant qu'autre [distinct] est le Père, autre est le Fils, autre l'Esprit saint. L'ignorant ou le pervers se scandalisent de ce mot, comme s'il signifiait diversité, et qu'il impliquât par suite de cette diversité la séparation du Père, du Fils et de l'Esprit. (ibid., 9).
Ainsi l'union du Père dans le Fils et du Fils dans le Paraclet, forme trois personnes indissolubles, produites l'une de l'autre, de manière que trois sont une seule et même chose, mais ne sont pas un seul, «ainsi qu'il a été dit: Mon Père et moi, nous sommes une seule et même chose,» ce qui implique l'unité de substance, mais non l'unité de nombre. (ibid., 25).
Origène
Car nous ne soutenons pas ce que les hérétiques imaginent: qu'une partie de l'être de Dieu a été transformé dans le Fils, ou que le Fils a été procréé par le Père à partir de substances non existantes, c'est-à-dire, à partir d'un être en dehors de lui-même, comme si il y avait eu un temps où il [le Fils] n'existait pas ( Doctrines fondamentales 4,4,1 [225]).
Non, en rejetant toute suggestion de corporéité, nous croyons que la Parole et la Sagesse ont été engendrées du Dieu invisible et incorporel, sans rien de corporel . . . l'expression que nous employons cependant, qu'il n'y a pas eu de temps où il n'existait pas, doit être utilisé avec une certaine précaution. Car les mots ‘lorsque’ et ‘jamais’ sont des termes temporels, alors que tout ce qui est dit du Père, du Fils et du Saint Esprit, doit être compris comme transcendant tous les temps, tous les âges (ibid.).
Le Pape Denis
Ensuite je dois m'adresser à ceux qui divisent, séparent et détruisent la monarchie (la Trinité), l'enseignement le plus vénérable de l'Eglise de Dieu, en trois puissances et hypostases séparées et en trois divinités.. . . . [Certains hérétiques] prêchent en quelque manière trois dieux, en divisant la sainte unité en trois hypostases étrangères l'une à l'autre et totalement séparées (Lettre à Denis évêque d'Alexandrie 1 [262]).
Il est nécessaire, d'ailleurs, que la Trinité divine soit récapitulée et ramenée à un seul, comme à un sommet, c'est-à-dire le Dieu tout-puissant de l'univers . . . Ce n'est donc pas n'importe quel blasphème, mais le plus grand, de dire que le Seigneur est en quelque sorte une chose façonnée [une créature]. . . . Si donc le Fils a été fait [a été créé], il y eut un temps où cela n'était pas ; et il y eut donc un moment où Dieu était sans cela; ce qui est totalement insensé. (ibid., 1–2).
Il ne faut donc pas partager en trois divinités l'admirable et divine unité. . . . mais il faut croire en Dieu le Père tout-puissant et en son Fils Jésus Christ et au Saint-Esprit : le Verbe est uni au Dieu de l'univers. Car il dit : " Moi et le Père, nous sommes un " Jn 10,30 et " Je suis dans le Père et le Père est en moi " Jn 14,10 (ibid., 3).
Grégoire le Thaumaturge
Il n'y a qu'un seul Dieu. . . . Il y a une Trinité parfaite, en gloire, éternité et souveraineté, ni divisée ni séparée. Par conséquent il n'y a rien de créé ni servitude dans la Trinité, ni rien d'ajouté, comme si à une époque il y avait quelque chose de non existant, et puis plus tard quelque chose ait été introduit. Et ainsi le Fils n'a pas été sans le Père, ni l'Esprit sans le Fils; mais sans variation ni changement, la même Trinité demeure à jamais (Déclaration de Foi [265]).
St Patrick d'Irlande
Je me lève aujourd’hui, par une force puissante, l’invocation à la Trinité, la croyance à la Trinité, la confession de l’unité du Créateur du monde (Prière de St Patrick 1 [447]).
Il n'y a pas d'autre Dieu, il n'y en a pas eu auparavant, ni dans après, que Dieu le Père inengendré, sans commencement, de qui vient tout commencement, et qui soutient toute chose, comme nous le disons, et son Fils Jésus Christ, qui, nous le confessons également, a toujours été avec le Père - avant que le commencement du monde. . . . Jésus Christ est le Seigneur et Dieu en qui nous croyons . . .et qui a déversé sur nous abondamment le Saint Esprit . . . que nous confessons et adorons comme un seul Dieu dans le Nom sacré de la Trinité (Confession de St. Patrick 4 [452]).
St Augustin
Tous les interprètes de nos livres sacrés, tant de l’Ancien Testament que du Nouveau que j’ai lus, et qui ont écrit sur la Trinité, le Dieu unique et véritable, se sont accordés à prouver par l’enseignement des Ecritures que le Père, le Fils et l’Esprit-Saint sont un en unité de nature, ou de substance, et parfaitement égaux entre eux. Ainsi ce ne sont pas trois dieux, mais un seul et même Dieu. Ainsi encore le Père a engendré le Fils, en sorte que le Fils n’est point le Père : et de même le Père n’est point le Fils, puisqu’il l’a engendré. Quant à l’Esprit-Saint, il n’est ni le Père, ni le Fils; mais l’Esprit du Père et du Fils, égal au Père et au Fils, et complétant l’unité de la Trinité. (La Trinité 1,4,7 [408]).