Wyschogrod, Michael. “Israel, the Church, and Election.” dans Brothers in Hope , 79–87. New York: Herder and Herder, 1970.
Israel, l’Eglise et le Peuple Elu
Michael Wyschogrod (1928-2015)
Dans la déclaration (Nostra Aetate) du Concile (Vatican II) sur « les relations de l'Église avec les religions non chrétiennes, l’Eglise Catholique s’adresse à ses fidèles pour les instruire. Dans ce document, on parle bien des religions non-chrétiennes, mais on ne leur parle pas directement à elles. On peut donc considérer, stricto sensu, que ce document ne demande pas une réponse de la part de ceux « dont » on parle. Mais quand nous parlons « de » quelqu’un nous pouvons nous attendre à ce qu’elles-mêmes parlent « de » nous … et de fait c’est même tout à fait probable. En ces temps de communication instantanée, nous devons être conscients que celui dont on parle nous entend et donc que de fait en parlant de lui on lui parle aussi à lui. Cependant il y a une distinction qui subsiste. Entendre parler de soi n’est pas sans créer une gêne ou une souffrance. Ceci dit il peut s’agir dans cette communication parallèle d’un préliminaire à un geste réellement réconciliateur de dialogue mutuel direct. C’est comme cela que je souhaiterais que soient compris mes propres commentaires.
I.
Le peuple d’Israël poursuit son chemin dans l’histoire, porté par la conviction qu’il est le peuple choisi par Dieu. Parce que Dieu a aimé Abraham, Il l’a choisi, lui et sa descendance comme le peuple de Son Alliance. Mais, parce que ce peuple est une famille humaine avec toutes les fragilités et les défaillances des hommes, le peuple d’Israël n’a jamais cessé de se montrer indigne de cette élection, en se révoltant plus souvent qu’on pourrait le dire contre la mission qui lui fut confiée par Dieu. Cependant, Dieu, dans son infinie miséricorde, continue à aimer ce peuple plus que tout autre. C’est à lui qu’il a conféré son nom, pour qu’ainsi toutes les nations sachent bien qu’Il est le Dieu d’Israël.
Bien qu’étant à la fois créateur et maître de l’univers, Il se révèle à l’homme, non pas comme la conclusion finale de preuves cosmologiques ou téléologiques, mais comme le Dieu d’Abraham qui fit sortir le peuple d’Israël hors d’Egypte pour en faire une nation jusqu’à la fin des temps. C’est pourquoi il reste inaccessible à tous ceux qui voudraient le trouver mais qui en même temps s’opposeraient à son peuple. Il a dit : « Je bénirai ceux qui te bénissent, et je maudirai ceux qui te maudissent ; par toi toutes les familles de la terre seront bénies » (Gn 12,3). Il a conditionné Son salut et son projet rédempteur pour le bonheur de tous les hommes à Son amour pour le peuple d’Israël. Seuls ceux qui aiment le peuple d’Israël peuvent aimer le Dieu d’Israël. Israël est en ce sens le premier-né de Dieu, le plus précieux à Ses yeux.
De là découle un double danger auquel il n’a pas été possible d’échapper. Le premier est l’orgueil qu’Israël peut tirer de sa propre élection, et le second est la jalousie que peuvent éprouver les autres nations vis-à-vis de cette même élection. Ce drame en deux actes trouve sa préfiguration dans l’histoire de Joseph et de ses frères. Mais celle-ci nous révèle aussi la réconciliation que nous attend à la fin des temps.
A maintes reprises, Israël n’a pas réussi à croire que son élection puisse ne pas être le fruit de sa vertu, que l’amour éternel que Dieu met en son peuple puisse ne pas être largement mérité. Très expert dans l’art de discerner les erreurs des autres nations, plus enclin à se souvenir de sa fidélité que de ses infidélités, dans un repli sur soi provoqué par l’hostilité des peuples auprès desquels il vit, Israël tend à oublier que, s’il est le peuple élu, c’est pour être au service, que cette élection est le signe du don absolu et sans condition de Dieu, plutôt que de toute supériorité qui lui serait propre.
Haï par tous ceux qui autour de lui mettent en cause cette élection, Israël regarde parfois avec mépris cette partie de l’humanité qui non seulement lui refuse sa revendication mais exprime sa haine pour le Dieu d’Israël en crucifiant le corps même d’Israël. Ainsi cette haine réciproque s’emballe. Plus Israël se sent haï, moins il répond à l’attente divine qui lui est adressée. Tout ceci ne veut pas dire que la haine subie par Israël n’aurait eu pour seule raison que son incapacité à être à la hauteur de son élection. Mais il faut cependant bien qu’il entérine son échec et ses lacunes à assumer sa mission de peuple élu. Certes le rôle donné par Dieu à Israël, celui de fils préféré, est un rôle difficile à porter, mais cela n’était cependant pas impossible car une élection – qui est une grâce de Dieu – ne peut concevoir que l’homme la déçoive.
II.
L’infidélité d’Israël n’est cependant qu’une partie de la vérité (qu’Israël cherche à oublier alors que les nations la soulignent volontiers). Une autre part de vérité se trouve au contraire dans la fidélité d’Israël :
«Je me souviens de la tendresse de tes jeunes années, ton amour de jeune mariée, lorsque tu me suivais au désert, dans une terre inculte » Jr 2,2
S’il est vrai qu’Israël est indigne de son élection, il est néanmoins vrai que cette élection n’est pas vaine. Non seulement Dieu a transcendé les résistances d’Israël en des occasions de glorification de Son Nom, mais il a été mis en évidence que ce peuple choisi, même dans sa résistance, a agi comme un serviteur fidèle de Dieu, au cœur d’un désert où abondent ceux qui refusent l’acte de souveraineté par lequel Israël est choisi par Dieu. Le prophète nous dit :
« Israël était consacré au Seigneur, première gerbe de sa récolte ; celui qui en mangeait était coupable : et il lui arrivait malheur, – oracle du Seigneur. » Jr 2,3
Ainsi le bilan d’Israël n’est pas entièrement négatif. A commencer par Abraham qui dans son amour pour son Dieu va jusqu’à consentir à lui sacrifier son fils unique, puis, plus récemment par ces Juifs qui conduisaient par la main leurs enfants dans les chambres à gaz d’Hitler, en rendant grâce pour cette occasion de sanctifier le nom du Seigneur. Nous avons là la preuve qu’Israël est capable d’une obéissance qui illustre que l’homme est fait à l’image de Dieu, qu’il est le descendant non seulement de Caïn mais aussi d’Abel.
De même, le bilan des « nations » comporte à la fois des zones d’ombre et de lumière. Au lieu d’accueillir avec humilité l’élection d’Israël, elles l’ont objectée, tournant en dérision le Dieu des Juifs, montrant du doigt avec jouissance les limites de ce peuple choisi et le martyrisant dès qu’elles en avaient l’occasion. La présence du peuple d’Israël parmi les nations a constitué pour elles un rappel douloureux qu’elles n’étaient pas « élues » par opposition à lui, ce qui a été pour elles comme une épine dans leur chair. L’existence même d’Israël ne peut que rendre dérisoires les dieux païens et toutes ces divinités qui ne surgissent des peuples que comme déification de l’homme et des forces de la nature et ne font pas le poids devant le Dieu vivant d’Abraham.
Les païens sont bien conscients que le Dieu d’Israël exige de la compassion pour les petits et les pauvres ; ce qui est incompatible avec les honneurs que reçoivent les guerriers et les plaisirs qui reviennent aux vainqueurs, figures emblématiques de l’histoire des « gentils ». Mais toute perspective pour les gentils semble menacée par l’existence même d’Israël, par le fait que son peuple, malgré son exil, malgré l’absence de tous les caractères qui sont ordinairement les attributs d’une nation, ait miraculeusement survécu alors que des puissances voisines s’effondraient tour à tour. Par là-même, Israël est la preuve vivante que ce Dieu qui l’a élu est le Maître de l’histoire des hommes et que son dessein est voué à s’accomplir. Se rebellant contre cette bénédiction promise à toutes les nations à travers l’élection d’Israël, refusant cette bénédiction qui est pourtant l’objet même de cette élection, les Gentils, furieux de leur non-circoncision, se lèvent avec hargne contre le Dieu de l’Alliance et le peuple de l’Alliance.
III.
Mais, tout doucement quelque chose a surgi qui devait avoir des conséquences très profondes. L’Eglise, qui transcende les frontières nationales, remplace une communauté liée à la terre et à la langue par une communauté de foi pure. Dans l’Eglise on retrouve le vocabulaire d’Israël – alliance, élection, serviteur souffrant et rédemption – et le livre qu’Israël considère comme la Parole de Dieu est pour la première fois adopté par un peuple qui n’est pas de la descendance d’Abraham. Peut-il y avoir autre chose que de la joie dans le cœur d’Israël à contempler ce mystère par lequel le Dieu d’Israël commence à être entendu par les nations ? N’est-ce pas partie intégrante de la foi d’Israël que de croire que, dans l’accomplissement des temps, le Dieu des patriarches deviendra le Dieu de tous les peuples et, si vraiment on y croit, Israël ne devrait-il pas chercher à discerner dans l’histoire des signes de cet avènement ?
Maimonides a bien montré comment le Christianisme et l’Islam avaient pour raison d’être de préparer la route au Roi-Messie, et de préparer le monde à l’adoration de Dieu, puisque, à travers ces religions, « l’espérance messianique, la Torah et les commandements sont devenus des sujets familiers – des sujets de conversation jusque dans les îles lointaines et parmi bien des peuples incirconcis, tant dans leur corps que dans leur esprit ». Il y a donc au moins une partie des nations qui contribue à la mission d’Israël.
Mais l’Eglise se prétend être le nouveau peuple de Dieu, héritier d’Abraham par la foi. Là où l’Israël ancien était la communauté choisie, selon la chair, ce nouvel Israël est une communauté de foi, ouverte à tous les hommes, quelle que soit leur ascendance. Du point de vue de l’Eglise, il apparait donc que l’élection d’Israël a été ainsi remplacée dans le dessein de Dieu par une nouvelle élection. Doit-on en conclure que l’ancien Israël, les descendants d’Abraham par la chair, seraient appelés à disparaître de la scène de l’histoire ? Ceci n’est pas clair. Il semble que la réponse de l’Eglise ait été « oui » parce que, sauf peut-être pendant les premières décennies, elle ne fit rien pour que les juifs qui devenaient chrétiens gardassent leur identité de fils d’Abraham. Bien au contraire, les Juifs qui entraient dans l’Eglise contractèrent des mariages mixtes et perdirent rapidement la conscience de leurs origines.
IV.
Si l’Eglise avait cru que la volonté de Dieu était que la descendance d’Abraham subsiste, elle aurait fait en sorte que les Juifs conservassent leurs spécificités, même au sein de l’Eglise. Le fait que Paul affirme que dans le Christ « il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme » (Ga 3,28) n’abroge pas le rôle spécifique dans l’Eglise des fils de l’ancien Israël ; de même, si, dans le Christ, l’homme et la femme ne font qu’un, ceci n’empêche en rien Paul d’insister sur la spécificité de la femme qui « dans les assemblées doit rester silencieuse ». Même en Christ, les hommes restent des hommes et les femmes restent des femmes ; ce n’est que dans un sens ultime, peut-être eschatologique, qu’ils ne sont qu’un.
L’Eglise aurait pu comprendre la même chose à propos des Juifs et des Gentils. Puisque l’Eglise n’a pas voulu laisser aux Juifs devenus Chrétiens la même latitude spécifique, on peut en déduire que - en contradiction avec ce que dit Paul aux Romains 11,28-29 en précisant que « les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance » – l’Eglise a clairement considéré que son élection propre remplaçait celle de l’ancien Israël. L’existence des Juifs en tant que descendance d’Abraham ne semblerait donc plus à l’Eglise être un dessein de Dieu.
Israël ne peut évidemment que contester ce point de vue. Toute tentative de transformer sa propre élection en une élection universelle ouverte à tous les hommes dans la foi ne peut être comprise par Israël que comme l’amorce d’un mondialisme qui, à terme, culminerait dans la philosophie d’une vérité universelle, antithèse de la réalité concrète du Dieu d’Abraham. La composante philosophique du Christianisme, ses racines profondes platoniciennes et aristotéliciennes et la multitude de problématiques qui en découlent n’est pas seulement un élément accessoire dans la genèse intellectuelle de cette religion mais une racine essentielle du kérygme chrétien lui-même.
Le remplacement de l’élection de la nation descendance d’Abraham par une élection universelle dans la foi préparerait le terrain à un mondialisme qui devrait inéluctablement s’appuyer à terme sur une philosophie qui est encore plus large dans ses fondements. On pourrait dire alors que la doctrine Chrétienne de l’élection serait une entreprise dédiée à détruire le dogme fondateur de l’élection Juive en l’ouvrant à tous les homes. Et c’est pour cela que le raisonnement chrétien s’est préoccupé toujours plus de philosophie, une tendance certes présente aussi dans l’histoire du Judaïsme mais jamais à ce point.
V.
La prétention de l’Eglise à être le nouveau peuple élu de Dieu – prétention que la Déclaration de Vatican II [Nostra Aetate] réitère spécifiquement - est, pour les Juifs, un exemple parmi d’autre du refus des Nations d’accepter l’élection de la tribu d’Israël. Exactement comme les frères de Joseph qui récusèrent la préférence de leur père pour son fils, l’unique, aujourd’hui les nations récusent l’élection d’Israël. Et de la même façon que Joseph n’était pas lui-même exempt de culpabilité en ce sens qu’il n’accepta pas avec humilité, crainte et tremblements cette élection, Israël ne facilita pas non plus aux nations l’acceptation de son élection. Et de même que Joseph, Israël dut aussi subir les conséquences de ses défaillances. Et la question est toujours là, lancinante : Que doit faire Israël devant cette prétention de l’Eglise à être le nouveau peuple élu de Dieu ?
Nous avons traité des aspects négatifs d’une des réponses possibles : jamais Israël ne doit pas oublier qu’il est profondément contraire à la parole de Dieu d’agréer à cette prétention et ce malgré la responsabilité que lui-même partage. Mais ne faut pas s’en arrêter là. Si l’Eglise convoite l’élection d’Israël, c’est bien que l’Eglise doit être en quête du Dieu d’Israël, et que l’Eglise doit bien aimer ce même Dieu. C’est là, pour un Juif, la signification capitale de cette prétention à être le nouveau peuple de Dieu. Les nations, dans la mesure où l’Eglise les représente, cherchent le Dieu d’Abraham. Et jamais les Juifs n’ont été vraiment conscients de cela. Persécutés tout au long de l’histoire, agressés de tous côtés par des doctrines païennes qui n’avaient que mépris pour le Dieu d’Abraham, Israël n’a jamais réalisé qu’une partie du monde des Gentils a bien reçu la Parole du Dieu d’Abraham.
Parce qu’un Chrétien est un être humain et donc - comme l’est aussi bien un juif - enclin au péché, il n’a pas toujours cette humilité parfaite d’accepter dans l’amour la volonté de Dieu, même lorsque celle-ci se traduit par le choix de quelqu’un d’autre que soi. Malgré cette imperfection, après tout bien humaine, un Chrétien est de fait destinataire de cet appel du Dieu de Jésus qui est bien le Dieu d’Abraham. Ce Dieu est un Dieu de l’alliance : Il se relie à un peuple par une alliance qui fait de ce peuple Son peuple et qui fait de Lui leur Dieu. Pour connaître ce Dieu, ce ne peut être que par une alliance qui fait d’un peuple donné Le peuple de Dieu ; si on conçoit cela, l’Eglise apparait comme le peuple d’une nouvelle alliance. Et le Christianisme devient en conséquence l’aspiration de ceux qui ne font pas partie de l’Alliance avec Israël à entrer dans une élection par le Dieu d’Israël.
VI.
Il importe donc à Israël d’envisager la relation entre son Dieu et les nations. Traditionnellement, la réponse se trouvait dans les lois Noahides. Et celles-ci furent en retour souvent considérées comme exprimant la loi naturelle. Tout ce que l’on peut exiger des nations, c’est d’obéir à des lois humaines dictées par la raison. Si c’est bien uniquement cela qui est exigible des nations (même si vu sous un autre angle c’est déjà plus que ce dont l’homme est capable sans l’aide de Dieu), il serait clair que Dieu n’a conclu d’alliance qu’avec Israël et que les nations ne peuvent avoir leur propre alliance avec Lui. Mais ceci serait une théologie biblique inacceptable : elle ne tiendrait pas compte de la promesse faite à Abraham, que, par son élection, les nations seraient elles aussi bénies ; et elle ne tiendrait pas compte non plus que l’alliance avec Noé est véritablement une alliance et donc plus qu’une loi purement naturelle. Maimonides insiste sur le fait que les non juifs doivent pratiquer les lois Noachides à la condition expresse qu’ils les aient reçues comme étant des commandements de Dieu. Recevoir les commandements de Dieu c’est entendre personnellement l’appel de Dieu ; en conséquence, Israël doit sans conteste accueillir une alliance des nations avec le Dieu d’Israël.
D’un point de vue strictement humain, on comprend bien qu’un peuple ayant des relations aussi spécifiques avec Dieu que le peuple d’Israël, passionnément attaché à son « élection » malgré ou plutôt à cause de ce que cette « élection » lui a couté, hésite à considérer la possibilité que Dieu veuille s’adresser à d’autres nations et être également leur Père. Parce que la relation entre Israël et Dieu a été si tangible, on comprend qu’y intervienne une jalousie bien humaine. La fidélité de Dieu à l’égard d’Israël est de ce fait souvent pensée comme impliquant un désintérêt de Dieu pour les autres peuples. Mais la volonté de Dieu de s’adresser à d’autres et de les aimer ne diminue en rien Son amour pour Israël. Et il faut donc qu’Israël travaille dans une grande espérance joyeuse à se préparer au jour où de nombreux peuples se lèveront et diront :
« Venez ! montons à la montagne du Seigneur,
à la Maison du Dieu de Jacob !
Qu’il nous enseigne ses chemins,
et nous irons par ses sentiers. » (Is 2,3)
VII.
De leur côté, les nations qui cherchent Dieu doivent méditer sur le mystère de leur non-élection. Il est clair que non-élection ne veut pas pour autant dire rejet. Ismaël et Esaü, les fils non-élus bénéficient dans la parole de Dieu d’une compassion qui est par certains côtés plus puissante que l’amour qui échoit aux fils de l’ « élection ». Il n’est pas possible que ceux qui aiment Dieu au point que, malgré leur non-élection, ils se soumettent avec amour et sérénité à la destinée que Dieu a voulue pour eux, ne soient point chéris de Lui. Ne pas être le favori de son père de chair est une douloureuse situation mais la non-élection par Dieu n’est jamais une finalité, mais plutôt un des chemins pour que Dieu vienne nous toucher. Si, l’élection d’Israël s’accompagne aussi de châtiments pour ses péchés, dans la non-élection des nations il y aussi l’amour d’un père pour tous ses enfants. A la fin des temps, il y aura une réconciliation de toutes les familles de la terre sans trace de division. Pour préfigurer ce jour, le Juif doit parler avec grande humilité de son « élection » et le « Gentil » doit parler avec grand amour de sa « non-élection », l’un comme l’autre dans une attente commune de la rédemption finale de la création.
Michael Wyschogrod (Septembre 28, 1928 – Décembre 17, 2015) était un Juif Germano-Américain, philosophe des religions, théologien juif et engagé pour le dialogue interreligieux judéo-chrétien. Pendant sa carrière universitaire, il a enseigné dans des filières de philosophie et de religion au sein de plusieurs universités aux USA, en Europe et en Israël.